Comme toute autre liberté, la liberté religieuse n'est limitée que par l'entrave à la liberté d'autrui. Tu peux être radicalisé, intégriste, fondamentaliste. Du moment que tu ne fais qu'imposer des trucs à toi-même et que tu n'assassines ou n'insultes personne, pour moi il n'y a aucun problème.
Le cantonnement des rites religieux à la sphère privée ne pourrait être exigé que s'il provoquait une gêne objective à ceux qui ne pratiquent pas cette religion. Comme gêne objective, on peut citer la blessure physique ou morale, l'entrave à la liberté d'action, de circulation, de parole, ...Il faut qu'elle ait un caractère universel pour être jugée comme telle. C'est le cas de ce que j'ai cité : ni un anglais, ni un chinois, ni un africain n'apprécient d'être violenté, injurié ou bloqué dans ses mouvements.
En revanche, à part bizarrement les français, peu de peuples y compris la plupart des peuples européens sont gênés de voir des gens se prosterner par terre pour prier, porter un vêtement considéré comme religieux, refuser de manger du porc ou des poissons sans écaille, refuser de serrer la main à une femme etc...Donc cette gêne qu'invoque les français, à l'égard des pratiques de l'islam comme celles que j'ai citées (je ne parle pas de l'excision ou de la lapidation et autres modes d'application de la charia ) ne peut être considérée comme suffisamment objective pour faire l'objet de mesures d'interdit.
L'accusation se traduisant par l'expression : "ils nous imposent leur religion" n'aurait de sens que si les musulmans voulaient nous convertir à tout prix à l'islam. Or si j'ai bien connu quand j'étais étudiant, des gens qui essayaient de me convertir à des variantes du christianisme comme celle des TJ et des mormons, à la secte Moon et surtout au marxisme, je n'en ai connu aucun (et mes enfants non plus) qui aient essayé de me convertir à l'islam.
Dire comme je l'entends souvent qu'une femme voilée nous impose sa religion, n'a pas de sens. Ou alors il faut considérer qu'il suffit d'avoir une apparence physique pour faire acte d'imposition. Elle m'impose sa religion avec son voile, mais moi, je lui impose mon statut cadre avec mon costard cravate ou mon statut de cégétiste avec mon badge et mes moustaches. Comme dit BeeBee, il y a réciprocité.
Puisque, dans ta "Mise à jour 3", tu veux clarifier, je la recite et y réponds :
"Ce que je dis, c'est que la religion doit se cantonner à la sphère religieuse stricto sensu (les relations personnelles entre humains et dieu(x)), et n'a aucune légitimité pour prescrire ou imposer quoi que ce soit à qui que ce soit.
Des arguments comme «c'est la vérité absolue parce c'est écrit dans la Bible, le Coran, ou Escoffier» ou «c'est la volonté de Dieu» n'ont AUCUNE VALEUR."
Il y a trois points distincts dans ce que tu écris. Les deux derniers commençant par "La religion n'a aucune légitimité..." et "Des arguments comme ..." sont tout à fait clairs et j'y adhère.
Le premier ("la religion doit se cantonner etc...") peut s'interpréter de multiples façons et dans sa formulation, n'a aucun rapport avec les points suivants que je ne conteste pas. Le problème de la volonté que traduit le premier point c'est : "comment la mettre en oeuvre en pratique sans toucher aux principes de notre démocratie, aux droits de l'homme si tu préfères ?"
Autant il est possible de promulguer des lois qui interdisent de contraindre autrui à des pratiques qu'il refuse, autant il serait anticonstitutionnel d'interdire de les appliquer à soi-même. Cela reviendrait en effet à vouloir contraindre autrui (le pratiquant cette fois) à des "anti-pratiques" qu'il refuse. L'Etat se comporterait alors comme celui qu'il condamne, pour fixer les idées, comme le barbu qui impose à sa fille de porter le voile.
D'autre part il faut que tu admettes une chose : proclamer sa foi, l'affirmer , l'afficher n'est pas l'imposer. Sinon, ce que nous faisons l'un comme l'autre (l'affirmation de nos opinions) passerait aussi pour une "imposition".
Dernier élément : considérer la religion comme un domaine à part justifiant pour tout un tas de raisons, la promulgation d'interdits, serait totalement contraire à l'esprit de la loi de 1905, qui veut que la religion soit considérée comme une association comme une autre. Autrement dit, que, comme ton idole Sarko, elle n'a pas plus de droits mais également pas moins de droits que les autres.