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2009-06-29 00:10:44 UTC
Le Talmud fut élaboré, selon Josy Eisenberg, afin de prémunir les Juifs des influences extérieures, dont celle des premiers chrétiens. Il garde la trace de la séparation progressive du judaïsme et du christianisme, séparation qui se fait en plusieurs siècles, et dont les affrontements de Jésus avec les Pharisiens ne constituent qu'un épisode.
À peu près au moment où les Savoraïm babyloniens portaient la touche finale à la rédaction du Talmud, l'empereur Justinien Ier, motivé par le zèle chrétien, proclamait son édit contre l'abolition de l'usage de la traduction grecque de la Bible dans les offices synagogaux. Il avait en effet été remarqué que lors des premières disputations judéo-chrétiennes d'Alexandrie, les Juifs se sentaient plus démunis devant le texte grec que leurs coreligionnaires de Palestine qui lisaient le Texte en hébreu.
Les attaques contre le Talmud débutèrent au XIIIe siècle en France, où les études talmudiques étaient florissantes.
La première disputation judéo-chrétienne publique opposa en 1240 Yehiel de Paris et trois autres rabbins à Nicholas Donin, expulsé de la yeshiva de Yehiel quelques années plus tôt. Il instiguait à présent que le Talmud était anti-chrétien, appelait les Juifs au meurtre des non-Juifs, à la pédophilie, etc. Bien que Yehiel l'ait techniquement emporté sur son adversaire, réfutant ses allégations, 24 charrettes remplies de manuscrits talmudiques furent brûlées place de Grève en 1242.
Le Talmud fut de nouveau au centre d'une disputation à Barcelone en 1263 entre Nahmanide (Rabbenou Moshe ben Nahman, dit le Ramban) et Pablo Christiani, autre Juif converti et frère dominicain. La stratégie de ce dernier était originale puisqu'il prétendait que le Talmud enseignait la messianité de Jésus. Le Ramban l'emporta également, mais les dominicains prétendant avoir remporté la disputation, il fut contraint de publier un compte-rendu, pour lequel il fut accusé de blasphème, emprisonné et exilé. Le même Pablo Christiani fit un procès au Talmud qui aboutit à l'émission d'une bulle papale et à la première censure textuelle du Talmud, confiée à une commission dominicaine de Barcelone, qui conclut à l'annulation des passages jugés répréhensibles pour les chrétiens (1264).
Une autre disputation se tint à Tortosa en 1413, à l'instigation de Geronimo de Santa Fé, ancien champion des Juifs dans les disputations devenu chrétien et médecin du pape Martin V, présent lors des débats. La disputation est conçue pour se terminer à son avantage et, contrairement à Nahmanide, la libre parole n'est pas accordée aux défenseurs juifs. Santa Fé lance l'accusation fatidique selon laquelle les condamnations envers les païens et les apostats concernent en réalité les chrétiens. Deux ans plus tard, le pape émet une bulle (qui ne devint jamais opérationnelle) interdisant aux Juifs de lire le Talmud et ordonnant d'en saisir et détruire toutes les copies.
Au seizième siècle, Johannes Pfefferkorn, lui aussi Juif converti et dominicain, s'attaque avec violence au Talmud, le rendant, avec l'usure, responsable de la réticence des Juifs à la conversion. Son adversaire est un chrétien hébraïsant, Johann Reuchlin, qui a contre lui les obscurantistes et les humanistes; selon Erika Rummel, cette controverse annonçait la Réforme protestante[26]. Une conséquence inattendue de cette affaire fut l'impression complète par l'éditeur chrétien Daniel Bomberg du Talmud de Babylone en 1520 à Venise, suivi du Talmud de Jérusalem sous la protection du privilège papal. Cependant, le Vatican entreprit 30 ans plus tard une campagne de destruction de ce qu'elle avait antérieurement autorisé. Le 9 septembre 1553, date du nouvel an juif, les copies saisies furent brûlées à Rome et dans d'autres villes italiennes, comme Crémone en 1559. La censure du Talmud et d'autres textes hébreux fut introduite par une bulle papale en 1554, et en 1559, le Talmud était mis au premier Index Expurgatorius; en 1565, le pape Pie IV ordonna même que le Talmud soit privé de son propre nom, ce qui entraîna la diffusion de l'appellation Sha"s pour le désigner. En Italie, les Juifs étudiaient le Ein Yaakov, recueil des Aggadot du Talmud de Babylone.
La première édition du Talmud expurgé, sur laquelle se basent la plupart des éditions ultérieures, parut à Bâle (1578-1581). L'entièreté du traité Avoda Zara (Idolâtrie) ainsi que les passages jugés anti-chrétiens en étaient absents; certaines phrases ou mots étaient modifiés. Par exemple, les mots Min et Minim (identifiés, sans doute à juste titre, aux judéo-chrétiens), Akoum (littéralement adorateur des étoiles mais interprété comme acronyme d'adorateurs du Christ et de Marie) etc., sont remplacés par celui, plus « neutre » de « Sadducéen ».
Une nouvelle attaque contre le Talmud fut décrétée par le pape Grégoire XIII (1575-85), et le pape Clément VIII renouvela en 1593 l'ancienne interdiction d'en lire ou posséder des exemplaires. Cependant, du fait de l'étu