Le samedi 30 juillet · 20h30 : Festival de Beiteddin Liban
Créé par : Julien Bernard Jalaleddin Weiss

Ils sont venus d'un peu partout pour célébrer Marie, la femme la plus illustre de l'histoire, la mère immaculée de Jésus, qui est l'Esprit de Dieu, Rouh el-Lâh, Marie seule créature de sexe féminin nommée par son nom dans le Coran. Et où donc pouvait être plus vénérée et mieux saluée qu'à Beiteddine – “Demeure de la Religion” – cette Tr...ès Pure à qui Dieu délégua son ange messager pour la plus merveilleuse des annonces, oui, où pouvait-elle être mieux chantée par la voix des hommes et dans le cœur des femmes que dans ce Liban éternel où des chrétiens de toute obédience et des musulmans de toute appartenance savent converger lorsque ce qui est en jeu c'est l'essentiel ?
Julien Djelâl-Eddine Weiss, musicien franco-suisse qui vit entre son petit palais d'Alep et sa résidence d'Istanbul, quand il ne voyage pas, fiévreusement, d'une capitale à l'autre et d'un festival de musique sacrée à l'autre, de Fès à Lisbonne, d'Uppsala à Paris, et de Séville à Palerme ou à New-Delhi, est l'un des meilleurs spécialistes des grandes musiques traditionnelles de l'Islam mystique, qu'il a toute sa vie travaillé à découvrir, à nettoyer de leurs scories, à restituer à leur pureté première en les faisant briller, dans l'émotion retrouvée, de tout leur éclat originel. Lui-même, outre sa direction d'orchestre – instrumentistes et choristes – est un joueur de Qânoûn (cet ancêtre du clavecin) qui n'a pas d'égal, pour découvrir le trésor des voix cachées, connues seulement sur le plan local et qu'il projette avec une intuition et une oreille parmi les plus sûres qui soient sur le plan mondial, d'un concert à l'autre et d'un récital à l'autre. Il a également redonné vie à la magnifique tradition de ces astres tournoyants et tourbillonnants que sont les derviches tourneurs, inspirés et flamboyants, fils de Mevlana Djelâl-Eddine Roûmi, l'immense soufi-poète de Konya au XIIIe siècle. Plusieurs de ceux-ci seront présents à Beiteddine le 30 juillet prochain, avec des instrumentistes de quatre nationalités : syrienne, égyptienne, indienne, iranienne, pour des taqsim(s), des qacidah(s), un dhikr ou chant mémorial en l'honneur de Marie, notre Dame, et, tout pénétré de dévotion, pour l'amour de Sitna Mariam. Mais voici l'idée de génie, voici le dialogue musical porté à son point d'incandescence : tous ces artistes et leurs instruments vont avoir en face d'eux pour leur répondre et se conjoindre à eux sur les hauteurs de la voix et les vagues de l'instrumentation quinze prêtres grecs, issus de l'antique et savante tradition byzantine, et qui vont chanter dans leur langue – l'echos grec dialoguant avec ferveur avec le maqâm arabo-musulman – la splendeur fleurie de lys de Marie. Cet événement extraordinaire, qui a lieu pour sa toute première édition au Liban, ne pouvait avoir lieu qu'au Liban justement.
Que soient donc hautement remerciés Julien Djelâl-Eddine et ses musiciens qui tirent de l'Islam et du Christianisme leur magnifique et mystérieuse polyphonie !

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