Salut ! Je reviens demain.
Le lendemain : pourquoi 4 pouces en haut, je n'ai encore rien dit. Vous rendez-vous compte que je pourrais écrire absolument n'importe quoi maintenant ? Pourquoi se fatiguer à écrire sérieusement, alors que j'ai déjà 4 pouces en haut rien qu'en disant "I'll be back" ? ;-)
@Pharisien : Ethiopie, ce sera parfait. J'aime beaucoup les cafés africains.
@DABS : A première vue, je suis d'accord avec toi : avant d'attaquer quelque chose, il vaut mieux en avoir une sérieuse connaissance.
D'un autre côté, je me demande si la connaissance que nous avons de quelque chose n'engendre pas nécessairement une certaine sympathie. Il est vrai qu'il existe des islamologues hostiles à l'islam, des gens qui connaissent l'arabe, les sources, qui ont travaillé leur sujet durant des années. Je pense notamment à des gens comme Bernard Lewis ou Jacqueline Chabbi. D'un côté, on ne peut nier la valeur de leur savoir universitaire. De l'autre, j'ai des doutes sur la pertinence de certaines analyses et interprétations, parce qu'elles sont guidées - au fond, et malgré la prétention universitaire à l'objectivité - par une perception personnelle, subjective.
Et quitte à ce qu'il y ait de la subjectivité - chose à laquelle on n'échappe jamais - je préfère une subjectivité favorable au sujet étudié, qui en permet une meilleure appréhension.
Pour le dire très vite : je pense qu'on ne peut réfuter que les choses dont nous n'avons pas une véritable connaissance, si on donne au terme "connaissance" une étymologie particulière : co-naissance. Connaître serait "naître avec" la chose qu'on connaît, être issu de la même source qu'elle, avoir rejoint le principe essentiel (la seule clé de sa compréhension) de cette chose.
Mon approche est phénoménologique : ce qui importe ce n'est pas l'objectivité pure - qui nous est inaccessible - mais le rapport subjectif et personnel qui nous lie à ce dont cherchons la connaissance. C'est à mon avis une connaissance plus intime, donc plus vraie, qu'une connaissance extérieure, qui refuse de s'impliquer.
Mais attention : cela ne signifie pas, pour le cas de l'islamologie, que connaître l'islam c'est devenir musulman. Mais si on étudie l'islam, je trouve qu'il est plus sain d'avoir une approche, sinon partisane, du moins sympathisante. D'abord, parce que si on n'aime pas l'islam, rien ne nous empêche d'étudier autre chose ; ce n'est pas très épanouissant, sur le plan personnel, de consacrer sa vie à haïr "scientifiquement" un sujet. Ensuite, parce que, comme je l'ai dit, le rapport d'hostilité me semble constituer un obstacle à la connaissance, ou du moins à une connaissance intime.
De toute manière, le terme de "réfutation", pour les débats qui ne concernent pas les sciences dures, est plus polémique qu'autre chose.Or, dans la polémique, je ne vous apprend rien, il n'y a pas de connaissance véritable, parce que s'il y a une telle connaissance, il ne peut plus y avoir de polémique.
Par exemple, mon rapport au christianisme (ou disons au catholicisme... @Pharisien veille) ne peut pas être polémique, parce que je pense avoir compris ce que signifie Jésus-Christ pour l'Eglise catholique. De mon point de vue de musulman, je peux critiquer cela, mais les catholiques ne sont pas musulmans : si je les critiquais malgré tout, en m'appuyant sur des principes islamiques, c'est comme si je donnais des conseils de natation à un type en m'inspirant de raisonnements d'informatique. Chaque point de vue a ses propres règles.
C'est quand on comprend les règles d'un point de vue, et qu'on comprend qu'elles appartiennent à CE point de vue, qu'on approche d'une connaissance réelle.
Dans les trois cas que tu as cités, nous nous situons en contexte polémique. Les propos sont motivés par le ressentiment. Dès lors, il ne peut y avoir connaissance, et vice-versa : c'est parce qu'il n'y a pas de connaissance qu'il y a ressentiment et volonté de "réfuter".
Pour parler plus particulièrement du premier cas, quand j'étais adolescent et athée, je refusais de croire en Dieu en disant : "C'est quoi Dieu ? Définissez-le et je vous dirai si j'y crois. En attendant, c'est un mot vide de sens pour moi." Evidemment, personne ne m'a donné la définition que je cherchais. J'ai fini par la trouver seul, en plusieurs années, et je continue actuellement à la chercher et à la trouver tout à la fois.
Ce cheminement repose sur le refus du mythe objectiviste. Dieu n'est pas quelque chose d'extérieur, mais au contraire ce que nous avons de plus intime. Comment ne pas croire à notre intimité ? Ne sommes-nous donc que des surfaces ?
@Pharisien et @Mimi : La question essence/existence est vieille comme la philosophie. Je pense que chez Aristote on peut la décliner avec le couple en puissance (l'essence)/en acte (l'existence). Dans l'ensemble, toute la pensée antique et médiévale du bassin méditerranéen est essentialiste (comme le dit @Pharisien).
Mais, avant l'existentialisme moral de ce planqué de Sartre, il y a eut plusieurs existentialismes plus métaphysiques. Je pense en particulier à celui de Mullâ Sadrâ (philosophe iranien du XVIIème) pour lequel Dieu n'est pas seulement une Essence qui s'actualise et actualise les essences des êtres, mais l'actualisation même de chaque chose. On quitte le schéma "essences antécédentes auxquelles on donne l'existence" pour un schéma "l'être d'une chose, c'est son actualité" : cela produit une conception de l'Être plus dynamique.
Henry Corbin, qui a dévoilé Mullâ Sadrâ au public occidental, en parle très bien (mieux que moi), et Christian Jambet lui a consacré trois ou quatre ouvrages auxquels je vous renvoie (même si je soupçonne @Pharisien de les connaître déjà).
@Pharisien libéré : En parlant de soupçons, je suis très honoré de ceux qui t'amènent à me créditer d'une certaine intimité avec Thomas d'Aquin. Mais, même si j'ai lu un peu ce grand homme, je dois te détromper.
Mes potes, ce sont plutôt les néoplatoniciens. ;-)