Martin Scorsese a toujours soutenu que son film était une oeuvre de fiction, tout en ajoutant que les récits évangéliques étaient aussi des oeuvres de fiction, et ni plus ni moins plausibles que sa fiction à lui..
Alors, oublions la foi, et essayons de voir ce que disent les historiens.
Tous les historiens sérieux s'accordent à dire que Jésus a bien existé, et qu'il est mort crucifié.
(Au reste, il faut savoir que la crucifixion était un mode de mise à mort courant à l'époque, pas du tout quelque chose de réservé au Christ).
En revanche, que Jésus ait eu des frères et soeurs, on le présume, sans en être persuadé.
Les sources archéologiques sont assez faibles. Un certain cercueil porte la mention Jacques, fils de Joseph, frère de Jésus.
Vu la fréquence des prénoms à l'époque, il y aurait une très forte probabilité que ce soit bien le disciple Jacques (la probabilité est faible de trouver un Jacques frère de Jésus et fils de Joseph). Mais d'autres disent que "frère" à l'époque pouvait aussi signifier "vivant dans la même maison".
Marie-Madeleine : on trouve effectivement Jean disant "Marie-Madeleine, qui était la femme du Christ", mais d'autres diront que femme ne voulait pas dire qu'il l'ait épousée. Et puis, avons-nous quelque raison de croire Jean (qui est en plus le seul des évangélistes à parler de Marie-Madeleine en ces termes).
Du reste, les versions modernes de la Bible ont supprimé cette mention, parlant de Marie-Madeleine "qui résolut de suivre le Christ".
On a retrouvé très récemment ce qu'on a appelé l'"Evangile de Judas". Où on lit que le Christ dit à Judas qu'il faut qu'il assume le rôle que la postérité lui désignera, le rôle du traitre, en gros, c'est le Christ qui demande à Judas de le "trahir".
Le problème est là encore : peut-on considérer cette source comme fiable?
Les Evangiles ont été écrits entre 35 et 65 ans après la mort du Christ, pour les 4 évangiles canoniques. Mais bien d'autres évangiles (on en a recensé au moins une trentaine) ont circulé.
L'Eglise (conciles d'Arles, d'Alexandrie, de Nicée, d'Antioche), a opéré un tri et une unification.
Le problème avec le Christ, c'est que quasiment toutes les sources ne sont que chrétiennes, et bien postérieures à sa mort.
Rarissimes sont les mentions romaines, alors que les Romains occupaient la Palestine avec leurs cohortes de fonctionnaires, de scribes, d'archivistes, et qu'on a par ailleurs un nombre conséquent d'archives de ce lieu et de cette époque.
Tout porte à croire donc que le Christ était un rabbin essénien, une des tribus d'Israël en conflit avec le Temple de Jérusalem, dont ils ne reconnaissaient pas l'autorité.
De sources romaines, on n'a que deux lignes dans Tite-Live "les juifs étaient alors en proie à l'agitation sous l'instigation de l'un d'entre-eux qu'ils appelaient le Christ".
Tout ça est bien peu pour savoir ce qui est vrai et ce qui est faux.
Et, encore une fois, le problème avec le Christ, c'est que tout ce qu'on sait de lui vient de la Bible, rédigée bien après sa mort, en de nombreux textes disparates et contradictoires, qu'on a mis un siècle et demi à rassembler, collecter, unifier.
Donc, Jésus célibataire : possible.
Jésus marié : tout autant possible.
Jésus crucifié et mort : certain (pas seulement pour les croyants, mais aussi pour les historiens, qu'ils soient croyants ou non).
Jésus resuscité : ça, ce n'est pas de l'histoire, c'est de la foi.
P.S. : Maeva, si tu me permets le jeu de mot, pour connaître la vie de Jésus, la Bible n'est pas parole d'Evangile !