Foi (latin fides) est un mot doté d'un large champ sémantique :
Au sens profane, qui est aussi le sens premier, il a le sens de confiance : confiance en quelqu'un, mais aussi en soi-même, voire confiance que l'on inspire (d'où l'expression « être de bonne foi »).
Au sens philosophique (voir : "la foi chez Platon et Aristote", ci-dessous), la foi est de l'ordre de la conviction intuitive, antérieure à toute démarche réflexive.
Dans le domaine religieux, sens dans lequel on l'utilise le plus souvent, avoir la foi signifie croire en Dieu, et vise aussi bien la connaissance de Dieu que la confiance qu'on place en lui.
La foi a une importance décisive dans la poursuite des projets humains, la religion, la morale, la politique, la justice, l'éducation, la vie sociale...
Ãtymologiquement, "foi" provient du latin fides et se rattache à une racine indo-européenne bheidh "avoir confiance" [1].
Le mot latin fides n'a aucune connotation religieuse ; il provient du vocabulaire profane, et évoque la simple confiance que l'on peut avoir en quelqu'un. C'est la Bible qui l'utilise, dans ses traductions latines, pour traduire le mot hébreu emunah qui désigne l'attitude de l'homme devant Dieu. Le latin utiliserait plutôt le mot religio, dans le sens d'une observation scrupuleuse des rites (ainsi Cicéron), et le grec threskeia, dans le même sens. Avec la Bible, puis le christianisme, la relation à Dieu est donc envisagée comme d'ordre inter-personnel.
La divinité, l'homme ou la vie, supports de la foi [modifier]
Avoir ou ne pas avoir la foi
Dans le langage courant, la foi se rapporte à Dieu. Il est dit de celui qui rejette l'idée de Dieu qu'il n'a pas la foi.
Mais le sens de la foi peut également se déplacer vers une confiance dans le réel, dans l'intelligibilité partielle du monde, de la matière ou de la perception sensorielle.
L'acte de foi implique de se situer globalement vis-à -vis du réel :
* Dans une prise de position existentielle fondamentale face à la vie.
* Au sein d'un système conceptuel construisant ou justifiant l'agir humain, une vision du monde, ou les limites d'un savoir.
* Par l'adoption d'un paradigme global.
La définition de ce mot et la méthodologie utilisée pour y parvenir relèvent d'options philosophiques ou religieuses fondamentales.
Une option tranchée implicitement
En définissant la foi comme l'attitude confiante fondamentale face à l'existence, apparait alors son contraire, d'où l'alternative suivante :
1) La révolte, le sentiment de l'absurde, le refus de l'existence et de l'univers tel qu'il est expérimenté, le suicide.
2) L'émerveillement, l'acceptation, la confiance, l'espérance de sens dans le réel ou l'expectative.
La première option peut se résumer par un "non" la seconde par un "oui". Le oui à l'existence revêt alors de fait le caractère de foi à différents degrés. Le concept de Dieu même s'il était implicite à cette foi ici-décrite, n'apparait pas explicitement comme nécessaire à cette option face à la vie.
Une option qui peut comporter des biais
Consciemment ou inconsciemment, celui qui a la foi au sein d'une religion ou, de façon plus générale, dans un système de pensée est sujet à des biais. Il en fut ainsi pendant longtemps des chrétiens, qui considérèrent les Juifs comme "perfides", c'est-à -dire manquant de foi (voir Oremus et pro perfidis judaeis).
La foi et l'eschatologie
La foi peut être intuitive et immédiate ("la foi du charbonnier") ou l'aboutissement d'un parcours intellectuel voire d'une introspection.
Intellectuellement, la recherche de compréhension des origines de l'univers (cosmologie), de la vie, de l'homme (anthropogenèse), de la conscience (neurosciences et sciences cognitives) ou de sa propre existence peuvent être des chemins (des voies) pour connaître sa foi (ou sa non foi).
La cosmologie est devenue une discipline scientifique autonome. Les représentations sociales et symboliques induites par une nouvelle représentation du monde peuvent aussi induire une cosmologie religieuse, ligne de force d'une nouvelle forme de cause première.
De nombreux chercheurs et lauréats du prix Nobel publient ainsi leurs considérations sur leur foi, qu'elles soient déistes ou athée, et sont écoutés et parfois critiqués par le milieu intellectuel.[réf. nécessaire]
Mais à cette recherche des origines prime une autre rencontre plus accessible : celle de la destination, de ses limites, de la fin ou encore de la mort. à cet égard, le comportement face aux limites de sa propre vie peut être l'objet de cette même méditation existentielle (et pas seulement intellectuelle) :
- Limites physiques: la souffrance, le deuil, la maladie, un accident, la vieillesse.
- Limites morales : la solitude, la séparation, le chômage, les faiblesses, privation partielle ou totale d'une faculté qu'un autre être humain voisin a (expérience du manque par la jalousie : don, richesse, pouvoir, intelligence)
Ces expériences sont caractérisées par certains philosophes et théologiens de "mort ontologique" ou plus simplement, de limite de l'existence. Elles peuvent aussi être vues comme manifestation théologique du mal, entendu ainsi comme limite de l'être.
La confrontation avec ces limites de l'être remet en cause en permanence notre foi sans remettre en cause le constat premier : celui de notre existence. En ce sens, la vie peut être l'occasion d'un approfondissement.
La foi (pistis) chez Platon et Aristote
Dans la tradition philosophique grecque, le mot pistis (équivalent du latin fides et du français foi) n'a aucune connotation religieuse. Platon en fait un des modes de connaissance du réel ; Aristote y voit l'adhésion qu'un orateur persuasif et talentueux obtient de son auditoire.
Platon : la foi-pistis, mode de connaissance du réel
Pour Platon (la République, livre VI), la foi permet de connaître certaines réalités du monde.
Le monde platonicien se divise en deux parties : le monde visible, et le monde intelligible qui n’est autre que le monde des idées. Le premier appelle le second : c’est en partant de l’observation du réel qu’on peut avoir accès aux Idées du monde supérieur. Chacun de ces deux domaines est lui-même divisé en deux. Le monde connaissable est donc divisé en quatre parties : les images, les objets, les idées inférieures et les idées supérieures ; à chacune de ces parties appartient un mode de connaissance spécifique : aux images, l’imagination ; aux objets, la foi (pistis) ; aux idées inférieures, la connaissance discursive (dianoia) ; aux idées supérieures, l’intelligence (nous).
Platon résume cela dans un schéma linéaire, auquel on donnera par la suite le surnom de mythe de la ligne.
Aristote : la foi-pistis, force de conviction et socle de croyances communes
Aristote rapproche le mot pistis du verbe peithomai, qui signifie persuader, convaincre un interlocuteur. Son point de départ est donc une réflexion sur le discours et le langage.
Tout discours, pour Aristote, repose sur un socle de convictions que partagent l'orateur et son auditoire. La pistis aristotélicienne est donc à la fois force de conviction, ensemble de croyances communes qui forment le socle de la réflexion, et confiance accordée à l’orateur :
"Si notre connaissance, notre croyance, provient de prémices premières, ce sont celles-ci que nous connaissons le mieux et auxquelles nous croyons davantage, parce que c’est par elle que nous connaissons les conséquences." (Seconde Analytique, 72a 30)
Pour Aristote en effet, nous ne pouvons raisonner que parce que nous partageons des convictions communes. Ces convictions sont préalables à toute démarche scientifique. Ainsi, le soleil nous paraît plus petit que la terre : pourtant, nous savons qu'il est plus grand (De anima III, 3, 428 b4) ; une telle foi n'est fondée sur aucune expérience mais est indispensable à tout ce que nous pouvons dire à propos du cosmos.
La théologie chrétienne de la foi, héritière de Platon et d'Aristote.
Ni Platon, ni Aristote n'imaginent que la foi ait une quelconque dimension religieuse, car pour eux le religieux est d'un autre domaine : celui de la crainte et du respect dû aux divinités. Toutefois, les premiers théologiens chrétiens (les Pères de l'Eglise), soucieux d'établir un dialogue avec la philosophie, auront soin de montrer que les deux grands penseurs de l'Antiquité connaissaient la foi et en faisaient usage dans leurs travaux. Ce souci apologétique aura pour le christianisme une conséquence décisive : la foi, qui relève, dans la Bible, d'une confiance en Dieu, sera désormais comprise comme une démarche de l'intelligence. L'accent va être alors mis sur la dimension intellectuelle et rationnelle de l'acte de foi.
Panthéisme ou Déisme
Une option fondamentale s'offre à la pensée humaine quand elle constate son existence et celle de l'univers :
1) Panthéisme (au sens large):
L'univers s'explique par lui même. Il est éternel, infini et contient en lui les causes des événements à venir.
1A) Une ou plusieurs parties de cet univers en est la cause. C'est ce qu'on appelle l'idôlatrie, l'animisme..., la quasi totalité des religions primitives (dite religion naturelle).
1B) L'ensemble de l'univers en est la cause (panthéisme de Leibniz) et ceci par exemple par la structu