D'abord, il faut savoir ce que tu entends par "résurrection". Anastasis, c'est relèvement (dictionnaire Bailly) . L'idée "d'entre les morts" (avec retour à la vie) est imputable à Jérôme de Stridon, le traducteur de la Vulgate qui indique résurrection partout où se trouve "anastasis"
L'idée de résurrection dans l'ancien testament est un peu différente. Il ne s'agit pas de fabriquer des zombies.
D'abord, l'idée qui prévaut, dans Job 10, est que "la vie" d'un individu ne se limite pas à sa vie biologique. Tu y trouves l'idée que la sanction "du méchant" est l'oubli. Ce phénomène est attesté, pas seulement dans le judaïsme, mais déjà dans la religion égyptienne et tardivement chez les romains avec les phénomène de "damnatio memoriae". Dans ces civilisations, on organise l'oubli "du méchant" (on va chipoter sur la désignation) en organisant son oubli par le martellement de son nom partout où il apparait.
Au contraire, "le bon " (toujours aussi simpliste) survit dans le souvenir des générations futures. Tu t'en rends compte dans les systèmes patronymiques (Nathaniel ben Joseph,, qui est fils de son père ; Abraham Aboulafia dont le père est Afia) et dans les généalogies.
L'autre idée que Dieu est le maître de la vie et de la mort. Tu trouves ça dans 1 Samuel 2. On ne t'y parle pas de retour à la vie individuelle mais de "puissance" de Dieu.
L'autre questionnement est celui de la rétribution. Le mythe de Job expose cette problématique philosophique sous la forme d'un dialogue dont la méthode est proche de celle utilisée par Platon.. Dans la pensée commune, la justice divine est identique à la justice humaine : les méchants sont punis et les bons récompensés ; mais l'observation montre que le juste est parfois, souvent affligé tandis que le méchant prospère. Dans Job, en fin de compte, Job retrouve sa prospérité durant sa vie terrestre. Il n'est pas question de rétribution post-mortem. En quelque sorte, le vent finit toujours par tourner en faveur du juste.
Dans les écrits bibliques tardifs, postérieurs à la période de persécution d'Antochus Epiphane, (160 avant l'ère commune), on se demande ce qu'il advient des martyrs d'Israel persécutés pendant le règne d'Antiochus, morts durant la guerre des Macchabées. Là nait l'idée de résurrection à la fin des temps. Tu la trouves développée dans 2 Macchabées.
On constate donc que ce n'est pas "le christianisme" qui promet la résurrection mais le judaïsme hellénistique du 2nd Temple qui envisage la résurrection. En témoigne au premier siècle, la différence doctrinale entre les sadducéens qui récusent cette doctrine et les pharisiens qui y souscrivent et construisent une "âme immortelle". Les évangiles et les épitres de Paul se font l'echo de ces doctrines et de ces débats.
On peut même se demander si cette idée de martyr d’Israël (pendant l'occupation "grecque" en fait séleucide) ne présiderait pas à l'idée de résurrection de Jésus. Elle proviendrait alors d'une qualification "martyr d’Israël" apportée par la thématique du "serviteur souffrant" issue du 2nd Isaïe. Jésus serait alors reconnu "martyr d'Israël pendant l'occupation romaine cette fois. Si l'on considère que le titre de "Messie" se réfère à la restauration d'une Royauté en Israël analogue à celle, alors indépendante de David et Salomon, le Messie doit restaurer cetet indépendance ou meurt en martyr .
Jusqu'au 1er siècle de l'ère commune cette restauration doit avoir lieu chaque fois que l'occasion s'en présente (e.g. Cyrus est désigné Messie) ; à partir de cette date, elle est remise à la fin des temps. En revanche, la fin des temps se rapproche et attendue pour cette génération (du 1er siècle) Les églises millénaristes continuent de vendre la fin des temps pour demain.
Tu demandes à Djaballi de te faire un parallèle avec la démocratisation de la vie éternelle en Egypte
Je ne suis pas certain d'avoir été clair avec ce panorama d'histoire culturelle. L'idée qui le dirige consistait à sortir ta question du catéchisme catholique et des réponses doctrinales. Celles-ci i n'avancent pas à grand chose parce qu'elles sont moralisantes par les croyants, dénigrantes par les athées Replacer l'idée dans son contexte historique géographique et culturel te permet de construire ta propre idée.