Question:
Exercice N°2 : Traduction, exégèse ou falsification?
bleu_lagon
2009-02-08 04:05:39 UTC
Connaissez-vous bien la Bible ? Si oui, je vous propose un petit exercice. Pour chacun des versets bibliques ci-dessous, indiquez si il s'agit d'une simple traduction, d'une traduction avec exégèse, ou tout simplement d'une falsification.

Précisons les termes.

Simple traduction : le texte original n'offre qu'une interprétation possible. Il est donc traduit mot à mot.

Traduction avec exégèse : le texte original peut avoir plusieurs sens et la traduction peut, selon les cas, accentuer la doctrine biblique ou la modifier.

Falsification : le texte original est modifié par l'ajout ou la suppression d'un ou plusieurs mots, ou encore en attribuant au(x) mot(s) un sens que n'autorise absolument pas l'original.

Voici les versets bibliques :

1a — Avant qu'Abraham fût, JE SUIS. (Jean 8:58)
1b — Avant qu’Abraham fût, j’étais. (Jean 8:58)

2a — JE SUIS CELUI QUI SUIS. Et il dit : Tu diras ainsi aux fils d’Israël : JE SUIS m’a envoyé vers vous. (Exode 3:14)
2b — Elohîms dit à Moshè: « Èhiè ashèr èhiè ! Je serai qui je serai » Il dit: « Ainsi diras-tu aux Benéi Israël: ‹ Je serai, Èhiè, m’a envoyé vers vous ›. (Exode 3:14)

Vous pouvez juste donner le code du verset (1a, 1b, 2a etc) et inscrire T (pour simple traduction), E (pour exégèse) et F (pour falsification). Vous pouvez aussi ajouter un commentaire si vous le souhaitez.
Sept réponses:
anonymous
2009-02-08 05:28:37 UTC
1a — Avant qu'Abraham fût, JE SUIS. (Jean 8:58 ; Bible de l'épée, semblable à Segond, TOB etc ; plus d'une dizaine d'autres traductions)

1b — Avant qu’Abraham fût, j’étais. (Jean 8:58 ; Ostervald de 1898 ; semblable à plus d'une dizaine d'autres versions également)



2a — JE SUIS CELUI QUI SUIS. Et il dit : Tu diras ainsi aux fils d’Israël : JE SUIS m’a envoyé vers vous. (Exode 3:14 ; Bible de l'épée)

2b — Elohîms dit à Moshè: « Èhiè ashèr èhiè ! Je serai qui je serai » Il dit: « Ainsi diras-tu aux Benéi Israël: ‹ Je serai, Èhiè, m’a envoyé vers vous ›. (Exode 3:14 dans Chouraqui ; traduction très proche de celle de la TMN)



1a > Traduction avec exégèse très fortement marquée ! En grec : prin Abraam génésthaï égô éïmi.



Les mots égô éïmi sont au présent, mais un présent en grec peut aussi être rendu par un passé (imparfait ou passé composé). Le contexte réclame l'usage du passé. Le dogme de la Trinité " suggère " le présent ! C'est donc bien une traduction avec une forte influence de l'éxégèse.



1b > Traduction simple. Aucune exégèse.



2a > FALSIFICATION ! " Je suis " traduit le verbe à l'accompli... mais le verbe n'est pas à l'accompli en hébreu ! Il est à l'inaccompli. La version grecque des Septante traduit ainsi : " « Ho ôn m'a envoyé vers vous ». Les mots ho ôn signifient "Je suis L’Étant" ou "Je suis L’Existant". Dans cette phrase, ce n'est pas " Je suis " le nom de Dieu mais plutôt " ho ôn ", c'est à dire " L’Étant " ou " L’Existant ". Si je dis : " Je suis Candy ", c'est Candy mon nom, pas " je suis " ! Exode 3:14 a été traduit ainsi pour le faire correspondre aux paroles de Jésus en Jean 8:58... pour appuyer le dogme de la Trinité ! C'est une manoeuvre qui ne résiste pas à l'annalyse mais qui fait pourtant l'unanimité (ou presque).



2b > Traduction simple et parfaite. Aucune exégèse.



Le verbe hébreu ’éheyiéh est à l’inaccompli. Il doit être traduit par " Je serai ". Si ce verbe avait été à l'accompli, nous aurions hayiytyi traduit par " Je suis ".



Excellentes ces questions, bleu_lagon. Je ferai un commentaire sur ta première du genre un peu plus tard.
anonymous
2009-02-08 14:19:42 UTC
1b - Da le rend ainsi: “Jésus leur dit: En vérité, je vous le dis: Avant qu’Abraham fût, je suis [grec égô éïmi].” (Jé, Os, TOB, Sg et Ku traduisent par: “je suis”, parfois avec des capitales pour marquer qu’il s’agit d’un titre. Ce faisant, certaines de ces versions s’efforcent d’établir un lien entre cette expression et Exode 3:14 où, selon leur traduction de ce texte, Dieu se désigne lui-même par l’expression “Je Suis”.) Toutefois, dans MN, la dernière partie de Jean 8:58 se lit comme suit: “Avant qu’Abraham soit venu à l’existence, j’étais.” (Od, Fa et AT traduisent ce verset d’une manière analogue.)

Laquelle de ces leçons s’harmonise avec le contexte? La question des Juifs (verset 57) à laquelle Jésus répondait concernait son âge, pas son identité. En toute logique, donc, la réponse de Jésus avait un rapport avec son âge, la durée de son existence. Notons d’ailleurs qu’aucune tentative n’a été faite pour appliquer égô éïmi considéré comme titre à l’esprit saint.

A. Robertson déclare: “Le verbe [éïmi] (...). Parfois, il marque l’existence en tant qu’attribut, à l’image de n’importe quel autre verbe, comme en [égô éïmi] (Je. 8:58).” — A Grammar of the Greek New Testament in the Light of Historical Research, Nashville, 1934, p. 394.



2a et 2b T



Dieu lui-même a expliqué la signification de son nom à Moïse, son serviteur fidèle. Lorsque celui-ci lui a demandé quel était son nom, il a répondu : “ Je serai ce que Je serai. ” (Exode 3:14). La traduction de Rotherham (angl.) rend ainsi ces paroles : “ Je deviendrai ce qu’il me plaît [de devenir]. ” Jéhovah peut donc devenir tout ce que nécessite la réalisation de ses desseins.

Supposez que vous puissiez devenir tout ce que vous voulez. Que feriez-vous pour vos amis ? Si l’un d’eux tombait gravement malade, vous pourriez devenir un bon médecin et le guérir. Si un autre perdait beaucoup d’argent, vous pourriez devenir un riche bienfaiteur et l’aider. Mais, en vérité, il y a des limites à ce que vous pouvez devenir. Nous avons tous des limites dans ce domaine. En étudiant la Bible, vous serez surpris de voir que Jéhovah devient tout ce qu’il est nécessaire qu’il devienne pour tenir ses promesses. Et il prend plaisir à utiliser son pouvoir en faveur de ceux qui l’aiment (2 Chroniques 16:9). Ces belles facettes de la personnalité de Jéhovah échappent à ceux qui ne connaissent pas son nom.

La traduction la plus exacte, en français moderne, Les Saintes Écritures — Traduction du monde nouveau, rend Exode 3:14, 15 comme suit: “Alors Dieu dit à Moïse: ‘JE ME RÉVÉLERAI ÊTRE CE QUE JE ME RÉVÉLERAI ÊTRE.’ Et il ajouta: ‘Voici ce qu’il te faudra dire aux fils d’Israël: “JE ME RÉVÉLERAI ÊTRE m’a envoyé vers vous.”’ Puis Dieu dit encore une fois à Moïse:32 “‘Voici ce que tu devras dire aux fils d’Israël: “Jéhovah, le Dieu de vos ancêtres, le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob, m’a envoyé vers vous.” C’est là mon nom jusqu’à des temps indéfinis et c’est là mon mémorial de génération en génération.’”



@ SM-t vous avez peur que l'on découvre la vérité.

Le code pénal de la loi pour discrimination religieux , vous connaissez?
pensassa
2009-02-08 15:26:36 UTC
"Je suis (et serai) ce que je (suis et) serai" : cette traduction personnelle reprend la notion de l'hébreu d'inaccompli qui couvre à la fois présent et futur. Dans cette phrase Dieu affirme simplement son éternité et donc son immuabilité. Les grecs qui traduisirent la Septante utilsent l'expression 'o Ôn' : je suis l'Etant càd celui qui est.



Traduire cette phrase par je suis qui je suis ou je serai qui je serai c'est laisser croire que Dieu renvoie Moïse par une boutade du genre 'ça ne te regarde pas'.



Les diverses 'traductions' introduisant une notion d'évolution de Dieu sont théologiquement inacceptables. Dieu étant éternel, Il ne peut évoluer. A supposer qu'Il ait pu évoluer Il aurait terminer son évolution depuis une éternité. Le Christ lui-même nous dit que Dieu est parfait. Il ne peut donc évoluer pour devenir plus parfait. S'Il subvient tantôt aux besoins d'un malade, tantôt aux besoins d'un affamé, il ne s'agit pas d'évolution de Dieu. Ces deux actions sont le fait de Sa bonté éternelle qui se manifeste ici de façon accidentelle (càd dans des cas particuliers).



Pour la réponse de Jésus, le verbe grec 'eimi' est bien un présent (cf. par exemple http://www.bibliques.com/weft/gr/glec17.htm et http://concordance.keo.in/strong_grec/strong-grec-1510.html) qui doit se traduire par 'je suis'.



Tout autre tentative est effectivement de la falsification. Tout comme quand certains affirment, comme encore récemment, que si les juifs veulent lapider Jésus à la fin de Jean 8 (verset 59), ce n'est pas parce qu'il affirme être Dieu au verset 58 mais pour ce qu'il a dit quelques phrases plutôt quand il dit aux juifs qu'ils ont pour père le diable (verset 44). Peut-on être de si mauvaise foi ?



Que Dieu daigne éclairer les égarés.



@blue lagon: Comme l'ont expliqué d'autres l'inaccompli n'a pas de traduction directe en français. Si on veut faire du mot à mot strict on se retrouve avec des traductions qui ne veulent plus dire grand'chose (cf.Chouraqui). Vous noterez par ailleurs que je propose une traduction tenant compte à la fois du présent et du futur contenus dans la notion d'inaccompli.

Votre commentaire concernant l'exégèse ne manque pas de sel quand on lit que dans les commentaires à votre première question vous n'hésitez pas à soutenir des "traductions" dans lesquels des mots entiers sont ajoutés (Actes 20/28). Les lecteurs jugeront. (https://answersrip.com/question/index?qid=20090208024402AAWv7o1&show=7#profile-info-22gnldgPaa)
Pharisien Libéré
2009-02-08 14:17:15 UTC
Mauvais helleniste, je laisse tomber le passage de Jean qui me demanderait du travail, beaucoup trop de travail pour un forum



En revanche, je m'interesse au 2a/b



Exode 3:14





TOURISME GRAMMATICAL

D'abord, il faut se mettre en tête que le systeme verbal de l'hébreu n'est pas le même que celui des langues indo-européennes. Dans les langues indo-européennes, le TEMPS s'interesse au moment où l'action s'agit ou bien où l'état se produit.



Dans l'hébreu biblique, il n'y a pas de temps ; il n'y a que des aspects. L'aspect du verbe consiste à s'interesser au moment où l'action/l'état prennent effet.



L'aspect n'est pas totalement étranger aux langues indo-européennes, ce qui va me permettre de donner des exemples pour préciser mes propos un peu abstraits.



EXEMPLE 1

"Chaque lundi, je mange des spaghettis"

Nous sommes dimanche. Le verbe au temps prsent n'exprime pas un présent (car le dimanche, je n'en mange pas). Il dit que lundi dernier (un passé) et demain lundi (un futur) j'ai mangé et je mangerai des spaghettis. C'ets donc le caractère permanent de cette action qui est exprmé par le présent.





EXEMPLE 2

Autre exemple d'aspect en français : le futur antérieur.

Deux potes en attendent un troisième et il est en retard. L'un des 2 dit à l'autre :

"il aura eu du mal à se garer"



Qu'est-ce donc que ce futur dans le passé ? C'est l'imagination au présent du discours futur du 3ème quand il arrivera et qu'il exprimera par un passé "j'ai eu du mal à me garer".



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Retour à la Bible

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Èhiè ashèr èhiè : c'est ce qu'on trouve en hébreu dans exode 3,14.

Èhiè : 1er personne du singulier du verbe être à l'aspect inaccompli (inaccompli : pas fini, à faire, qu'on fera sans doute ou peut-être)

On rend donc cela par le futur, "je serai" ; le subjonctif, "que je sois", le conditionnel et toutes sortes de temps expriment un potentiel irréalisé.



asher : c'est le mot qui rend le pronom relatif quelle que soit sa fonction.



On a donc les traductions grammaticales possibles :

"que je sois qui je serai" ou "je serai qui je serai" ou toute classe de temps exprimant le potentiel, le devenir, le mouvement.



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Pourquoi diable traduit-on en français au présent ?



exégèse ? Falsification ? traduction + interprétation ?



Je dirais "grammaire française" + "contamination du grec" donc "traduction interprétation."



* grammaire française : L'éternité se rend par le présent continu. C'est l'exemple 1, celui des spaghettis.

*interprétation contamination du grec

En France, les études hébraïques ne sont reparties qu'au 16ème siècle avec les prolégomènes de la Réforme. En revanche, les études classiques greco-latines ont toujours été surdéveloppées. Non seulement les langues grecques et latines mais aussi les philosophes.



Il en résulte que les bibles "faisant foi" furent longtemps la Septante et la Vulgate. La Septante est une traduction cibliste : elle conçoit le D.ieu de l'ancien testament comme le dieu des philosophies grecques . D'une part "theos" remplace à peu près toutes variantes des "Noms de Dieu" et d'autre part, ce vocable charrie avec lui les idées d'éternité et de permanence, d'immutabilité qui sont le propre du néo-aristotélisme selon lequel **"tout ce qui change se corrompt"**.



On ne peut donc rendre le caractère "inachevé", "en voie d'accomplissement", en "processus de devenir", du D.ieu qui parle en Exode 3.14. Si D.ieu est inachevé, alors il n'est pas parfait et s'il n'est pas parfait, il n'est pas D.ieu. Telle est la logique thomiste.



On a donc une contamination du concept grec et philosophique de D.ieu et l'on traduit par un présent d'éternité, au détriment de la philosophie du texte source.



*Le présent n'est pas une falsification mais une interprétation cibliste (tenant compte du peuple qui reçoit la traduction, lequel est imbibé de civilisation greco-latine)

*le futur et le subjonctif sont des traductions sourcistes qui, pour difficile à comprendre qu'elles soient pour un public occidental, ouvre des perspectives philosophiques et théologiques illimitées.

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Garrigues et sentiers est un site qui explique la Bible par les tarots et une pseudo-guématrie. En outre, le type qui tient le site sait à peine l'hébreu !



Un site à éviter !

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Espérant avoir été utile



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En tout cas, je n'ai pas été utile à coleman qui ne dispose pas des bases de grammaire suffisantes pour comprendre ce qu'est le futur antérieur en français.



On n'a donc aucune chance qu'il comprenne ce qu'est un aspect en hébreu.
sm t
2009-02-08 12:31:20 UTC
http://www.info-sectes.org/tj/tmn.htm

@jean : mon avis personnel, vous le connaissez : il n'y a aucune personne de la Watch Tower ayant suffisament de compétence pour parler de la Bible et de D.ieu. Alors plutôt que d'agir comme les gourous d'une secte, je prends mes sources où les gens ne cherchent pas uniquement à embrigader qui que ce soit....
Escape
2009-02-08 12:18:45 UTC
Les deux sont T en l'occurence.



Le seul moyen de saisir la saveur de ce texte pleinement est de le lire en hébreu. En effet, le verbe Être n'est ni au présent, ni au futur, temps qui n'existent pas en hébreu, mais à l'inaccompli.



C'est donc les deux à la fois et bien plus encore.



JE SUIS doit être gardé car c'est une allusion à Ex 3:14. C'est un énoncé permanent dans l'impermanence.



JE SERAI doit également être gardé car c'est l'exégèse reçue par les rabbins : Dieu d'Israël sera ce que les juifs en feront, ce qu'ils auront le courage de le faire Être.



Hé oui : la bonne traduction serait une superposition de ces deux écritures, et de bien d'autres encore.
HerbeDeProv soutient Pat Condell
2009-02-08 13:37:13 UTC
Question intéressante


Ce contenu a été initialement publié sur Y! Answers, un site Web de questions-réponses qui a fermé ses portes en 2021.
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