Le polythéisme n'est que la manifestation des divers aspects d'une même essence, d'une même morale, en quelque sorte, une reconnaissance de la dualité et même de la pluralité des choses, des êtres, des événements.
C'est tellement vrai dans la conception hindouiste du polythéisme que chaque divinité, elle-même incarnation d'un aspect duel de l'atman équanime, (ex Kali déesse de la destruction et -donc- de la renaissance) jouit d'autres aspects secondaires qui peuvent sembler en totale contradiction, comme Ganesh qui est le protecteur des lettrés mais aussi dans une vocation secondaire et moins connue de l'occident, de certaines catégories de voleurs (ceux qui volent par nécessité ou parce qu'ils sont d'une caste dont la nature leur interdit un travail rémunérateur)... par là-même, il renforce encore sa vocation initiale de défenseur de l'intelligence, de la "vision juste", des illusions révélées...
Dès lors, difficile de se penser être dans le juste, le vrai, lorsqu'on honore une divinité censée être neutre sur le plan du bien et du mal mais dont la "mission" auprès des hommes échouerait même temporairement, laissant l'instinct de survie reprendre le pas sur les grandes idées, à la façon du polythéisme grec ou romain un peu plus tranché que dans l'hindouisme...
Prenons l'exemple d'une divinité qui serait celle de la récolte et des moissons,
sur le fond, pas réellement d'action bonne ou mauvaise,
mais dans les faits, pour peu qu'une province souffre de sécheresse et ne reçoive aucune aide de ses voisins plus prospères, il va falloir conquérir la nourriture, d'où forcément guerre et exactions... De là, quelle est la divinité "fautive" ?! celle qui présiderait aux pluies, l'autre à la bonté et à la charité, une qui régit les guerres, une autre encore, ou une assemblée de toutes celles-là qui se seraient temporairement unies....?!
Au fond, c'est vachement plus facile de s'en remettre à une seule cause, et de considérer qu'elle est forcément parfaitement équanime dans son oeuvre ultime,
que de bien vouloir lui reconnaître ce très humain caractère duel et même multiple, en acceptant qu'elle prend diverses formes selon les circonstances, lesquelles sont la plupart du temps simplement liées au fonctionnement du grand écosystème qui nous porte.
Et pour revenir à mon ptit crédo perso, c'est politiquement bien plus facile de gérer une foule qui marche au même pas, qu'un nombre limité ou non de files qui s'entrecroisent... ;p
Il fallait donc bien arriver au monothéisme parfait pour unifier les masses, tout simplement,
et l'argument invisible était bien le seul qui ne puisse pas être contesté...
@Kiff : polythéisme ou animisme ?! ;p